François Dancie L'espée de combat, Szermierka historyczna
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L’ESPEE
DE COMBAT
OU
L’USAGE DE LA
TIRE DES ARMES
Par François DANCIE, Sieur
Du Verdier, Limousin
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A TRES NOBLE ET TRES MAGNANIMES
SEIGNEUR Henri Deschomberg, Comte de
Nanteuil, Chevalier des Ordres du Roi, Capitaine de
cent hommes d’armes, Gouverneur & Lieutenant
général pour sa Majesté es Provinces de haut & bas
Limousin & Angoumois, & Surintendant des
Finances du Royaume.
MONSEIGNEUR ,
Si je vous offre mon ESPEE ce n’est pas pour
besoin que vous ayez d’un second [comme la
Nature ne vous a quasi point donné de pair, la
Fortune & la vaillance ne sauraient trouver qui
vous secondât] ni pour estime que je fasse de sa
valeur, mais pour contenter ma dévotion à
consacrer mes armes, comme j’ai fait mon service,
à l’un des plus puissants Génies de cet état, & des
plus vaillantes épées du royaume. Un brave Roi
appelait jadis le plus favori de la cour, SON EPEE,
parce que le conseil & la vaillance de ce sien affidé
lui servait comme de tranchant affilé par son
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autorité Royale, à couper tous les différents, &
trancher toutes les révoltes. Chacun m’entend
assez, qui sait le rang que votre mérite vous a
acquis auprès de la personne du Roy, & qui voit
que vos sages conseils servent à pointer l’épée de
sa justice contre ses ennemis en nécessité de guerre,
& la remettre au fourreau pour ne faire paraître
que le sceptre et la main d’ivoire de sa clémence, en
bienséance de paix. Ce sont des faveurs qui vous
sont dues
(Monseigneur)
malgré l’ennui, & sauf
l’édit des duels, je présente hardiment le cartel de
défi pour venir à la pratique de mes préceptes, à
quiconque sur ma proposition se voudrait inscrire à
faux, ou à votre désavantage donner un démenti à
la Renommée. Aussi ne saurais-je donner loisir à
ma lame de se rouiller dans son fourreau tant que
l’occasion de servir le Roi, & maintenir votre
réputation se voudra accorder à ma
science :comme le peu ou prou de science que j’en
ai, n’a jamais dédit le désir & la loi d’en user pour
de si justes causes. Néanmoins s’il arrive que par
les adresses que je donne aux gens d’Epée de se
prévaloir de la Tire pour le service du Roi, soit à
attaquer, soit à repousser l’ennemi, quelque bon
coup se fasse, le louerais mon EPEE de m’avoir fait
en cela le meilleur service qu’elle fit jamais. Et
alors si non aussi vaillant, au moins plus sage que
celui qui fit
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graver à la poignée de son estoc, à fin de le faire
reconnaître & priser à la postérité,
Je suis de
Talbot pour vaincre mes ennemis,
je graverais sur
mon EPEE qu’elle est au Roy, & à vous, pour
combattre les ennemis de l’Etat & les vôtres.
Et
c’est ce qui m’a fait en ce temps mettre comme par
coutume ou longue habitude, la main à L’EPEE, &
L’EPEE au vent quoique d’une façon nouvelle, &
sans coup férir :non pour donner du vent d’en avoir
écrit l’usage & l’excellence en termes de muguet de
cour, ou de discoureur, [il me ferait beau voir
d’avoir d’une allumelle forgé un graminet pour
tailler ma plume à bien écrire, & coucher de belles
paroles.] Mais pour montrer à ceux qui y sont
moins adroits que vous [qui m’en feriez leçon,
comme Maître passé en toute science convenable à
un grand Capitaine] la façon de s’en servir, ou
pour parer aux coups, ou pour coucher son homme
en bonne guerre. J’ai toujours oui faire cas d’un
trait d’esprit d’un quidam qui disait, que s’il avait à
faire des legs de ses armes aux nations qui
guerroient, il léguerait les gardes & le pommeau de
son épée à l’Espagnol, parce qu’il ne la porte
bonnement que par contenance & pour s’y appuyer
la main, la pointe au Français qui n’a disait-il, que
la pointe pour piquer ou égratigner, mais non la
raideur pour enfoncer
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La lame & le tranchant seraient pour
l’italien, qui tranche des deux côtés, et est
à qui plus lui donne, & se joue des éclats &
des pièces des armes de ces deux nations.
Je ne suis point si pointilleux que ce
testateur, & ayant maintenant à tester de
mes armes & mon EPEE, je n’en réserve
que l’usage ma vie durant, pour le service
du Roy & la défense de ma patrie. Pour le
surplus
(Monseigneur)
le la vous donne
toute, puisque vous n’avez rien à partir
avec personne, & qu’il semble que la vertu
même ne vous a point donné de cohéritier,
lorsqu’elle s’associât & fit moitié
d’acquêts avec votre Fortune pour vous
faire toutes deux leur héritier universel, &
vous rendre l’un des plus heureux &
mieux appointés Cavaliers qui se mêlent de
porter l’épée pour l’honneur du Roy, & le
bien commun de la France. Si la France ne
le savait (pieça ?) par son expérience
propre, je serais ambitieux qu’elle le sut
dès aujourd’hui par la publication de
Votre très humble
& très obéissant serviteur,
FRANCOIS DANCIE
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